L’idée est ici de présenter des procédés pédagogiques qui peuvent être appliqués à plusieurs types de contenus et permettent aux élèves d’apprendre autrement qu’à travers une transmission plus traditionnelle du savoir de l’enseignant aux élèves.
Les types d’activités varient selon les objectifs visés, le temps nécessaire et le matériel à fournir.
L’interview croisée est un outil particulièrement efficace dans l’appropriation d’une matière donnée. Très flexible, il suffit d’en varier l’un ou l’autre paramètre selon le résultat désiré auprès des élèves.
Fonctionnement :
Par groupe de 4, chaque élève reçoit soit l’article A (élèves A), soit l’article B (élèves B)
Après avoir lu seuls l’article, les élèves du groupe s’assurent de sa compréhension et de leur capacité à en restituer le contenu sans prendre aucune note (d’abord avec l’article disponible, ensuite sans puisque le professeur les récupère)
Les groupes sont réorganisés pour accueillir deux élèves A et deux autres élèves B
Sans avoir accès à l’article original, les élèves B doivent restituer le contenu de l’article A grâce aux indications des élèves A, et vice-versa
Le professeur ramasse et évalue les articles ainsi recomposés
Appropriation du contenu d’un article
4 élèves
1 à 2h de cours
Deux articles, synthèses, etc. sur un sujet donné
Bien que l’exercice de version soit réputé pour être le plus complexe du cours de latin, les préparations à la version sont rares en classe. Non que les professeurs ne cherchent à faciliter la tâche de leurs élèves, mais il est difficile d’organiser une séquence sur le sujet quand il existe autant de méthodes de traduction que de traducteur. Une fois rodée, la traduction autonome fait partie de ces quelques exercices à la fois formateurs et informatifs pour l’enseignant.
Fonctionnement :
J’ai pour ma part pris le parti de systématiser la traduction autonome à une phrase par texte traduit en classe, mais l’exercice peut être essayé à différentes échelles selon les besoins et le niveau des élèves.
Il n’est pas rare de laisser les élèves livrés à eux-mêmes le temps d’une traduction, l’idée est ici d’institutionnaliser cette pratique :
Les élèves, de préférence placés en cercle, ont pour mission, dans un temps préalablement imparti, de parvenir à une traduction correcte de la phrase laissée en suspens dans le texte.
Au bout du temps alloué (généralement une dizaine de minutes pour une phrase), un rapporteur propose au nom de la classe la traduction validée par le groupe, le professeur se contente de signaler si la traduction est correcte ou non, éventuellement en spécifiant le type d’erreur commise (nombre, temps, vocabulaire…). La phrase est considérée comme vue, la traduction collective reprend.
Traduction d’un (extrait de) texte
Classe complète
Variable selon la longueur du texte
Un texte, éventuellement un dictionnaire et une grammaire
Note :
- Les premières tentatives sont généralement vouées à l’échec, les élèves peinant à mettre en place une méthodologie de travail de groupe efficace. Il est intéressant de consacrer quelques minutes au débriefing des écueils rencontrés. D’expérience, les groupes-classes obtiennent des résultats satisfaisants au bout de la troisième ou quatrième tentative.
- Il est important que le professeur semble absent durant cette activité. Faites mine de corriger, de classer des documents, ne regardez pas vos élèves. Pourquoi ne pas réellement vous absenter quelques minutes si les pratiques de votre établissement le permettent? Néanmoins, il est particulièrement intéressant d’être présent tant les mécanismes mentaux de chacun se révèlent durant cet exercice.
Ce n’est pas tout d’avoir la connaissance grammaticale qui permet d’obtenir une traduction sensée : restent les hypothèses à confirmer, le choix du mot juste, de la tournure qui rendra le plus hommage au texte original, etc. Un travail malheureusement souvent relégué au second plan vu les impératifs liés au temps scolaire. La traduction « à la chaîne » offre une expérience collaborative qui place ces questions au centre du processus.
Fonctionnement :
Au sein du groupe, chaque élève est responsable de la traduction de la partie qui lui a été attribuée dans un temps donné.
Au terme du délai imposé, chacun remet sa préparation au voisin et doit remplir deux objectifs : recopier la traduction de l’extrait qu’il vient de travailler, ainsi que corriger la traduction de l’extrait nouvellement reçu. Pour cette deuxième tâche, la réflexion devient tout autre que celle de la traduction : il s’agit d’émettre une critique sur une traduction déjà composée.
Le temps imposé écoulé, la même démarche reprend de tour en tour, jusqu’à ce que chacun se trouve avec une version du texte entièrement traduit face à lui.
Dernier tour : les feuilles reviennent à leur premier rédacteur qui découvre les corrections successives de son extrait et en tient compte pour finaliser une traduction personnelle.
Selon le niveau des élèves et la dynamique de groupe, l’activité peut se clore par un débat lors duquel chaque membre doit se mettre d’accord sur une seule et unique traduction finale à remettre à l’enseignant.
Traduire et améliorer la traduction d’un texte non vu
Au moins autant d’élèves que de morceaux découpés du texte
1 à 2h de cours
Un texte non vu, découpé en morceaux de longueur et/ou niveau similaire(s)
Il n’est pas toujours aisé d’impliquer de manière identique tous les membres d’un groupe tant il est facile de laisser les autres prendre en charge l’activité sans même la comprendre. En procédant par glissement d’un groupe vers un autre, il ne reste plus aucune échappatoire : il faut s’impliquer et comprendre !
Fonctionnement :
Prenons le cas le plus simple à comprendre, une traduction de texte dans une classe de 25 élèves. Une fois le procédé compris, chacun trouvera comment l’adapter au nombre de ses élèves et à l’activité désirée.
Le texte est divisé en autant de parties qu’il y a de groupes, chaque groupe ayant pour tâche de le traduire et de s’assurer de la compréhension du processus par chacun de ses membres.
Une fois le temps écoulé, dans chacun des cinq groupes, chaque membre retrouve un membre de chacun des autres groupes. Autrement dit, cinq nouveaux groupes sont créés, comprenant cinq membres ayant chacun travaillé sur une partie de texte différente.
Tour à tour, chaque élève du nouveau groupe expose les conclusions de son groupe précédent afin de proposer au terme de l’activité une traduction finale du texte complète et comprise.
Obliger chaque membre d’un groupe à réaliser et comprendre une tâche donnée
4 ou 5 élèves (modulable)
Une activité décomposée en autant de parties que de groupes
Ce que je pratiquais dans mon ancien établissement comme une activité de deux heures sous l’emblème « Saturnales » est devenu en pédagogies actives une séquence complète à part entière. Ce n’est plus une phrase au sein d’un texte que les élèves doivent présenter à leur condisciple tels des professeurs, c’est une séquence complète !
Parmi les invariants du pédagogue Freinet, il en est un qui me paraît essentiel : « Chacun aime choisir son travail, même si ce choix n’est pas avantageux ». Poursuivons la citation : « Donnez un bonbon à un enfant. Il sera satisfait certes, mais n’en regardera pas moins avec envie le restant de la boîte. Présentez-lui la boîte pour qu’il choisisse. Il sera beaucoup plus satisfait, même si son choix n’est pas avantageux. »
Tout commence donc par un choix des élèves, que j’aime à organiser sous la forme de menus de restaurant (ce qui explique la typographie du fichier d’exemple). Ils y trouvent plusieurs descriptifs de séquence autour d’un thème général : le sujet du texte, une innovation grammaticale qui y sera soulevée, l’approfondissement culturel attendu. À eux non pas uniquement de traduire le texte mais d’anticiper sa traduction avec la classe, de faire des recherches grammaticales qui permettront d’aider les élèves à faire les exercices associés qu’ils devront corriger avec eux, d’imaginer une leçon « active » (pas un simple exposé donc) pour que les élèves en découvrent autant qu’eux sur le sujet choisi.
D’un point de vue pratique, il faut veiller à ce que les sujets soient suffisamment nombreux pour que les groupes n’excèdent pas cinq ou six élèves. Certains choix sont donc supprimés des menus une fois un certain nombre d’élèves l’ayant privilégié et le groupe formé par les élèves l’est par ce choix commun qu’ils ont fait.
De même, il faut prévoir des points de contrôle tout au long de leur préparation (pour laquelle je réserve d’ordinaire six heures de cours) et au moins prévoir une liste de questions auxquelles ils doivent répondre pour être réellement prêts : on ne s’improvise pas professeur, ils ont besoin de soutien, au moins les premières fois au premier degré. Pour ma part, au moment des présentations, je donne donc déjà une partie de la traduction (pour ne laisser lacunaires que quelques phrases intéressantes pour leur structure, leur teneur ou leur grammaire) et je réduis le nombre des exercices soumis aux élèves.
Quand le temps me le permet, j’aime demander aux élèves de concevoir eux-mêmes les trois évaluations qu’ils feront passer à leurs condisciples ainsi que d’en assurer la correction (sous mon contrôle, en dehors des heures de cours). Cela permet de se rendre compte qu’ils n’ont pas toujours assimilé ce qui était essentiel dans la leçon (au moment de la création) et des processus qui interviennent lors de la correction d’une évaluation. Je crois toutefois que cela n’est possible qu’en évaluation continue, quand le concept d’échec n’existe pas et ne s’avère pas stigmatisant pour l’élève.
S’approprier complètement le contenu d’une séquence
Se projeter dans un processus didactique complexe
4 à 6 élèves
6h de préparation + 4h de présentation / groupe (évaluations non comprises)
Pour chaque sujet : un texte, des exercices de grammaire, éventuellement des ouvrages de référence
Trois menus proposés en première année avec les consignes et les textes associés